La question du mois

Je vous contacte au nom de tous les membres du comité de santé et de sécurité de l’établissement où nous travaillons. Nous mettons actuellement à jour le programme de prévention pour y intégrer les changements règlementaires apportés par la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail. Le prochain volet sur lequel nous voulons nous pencher est celui des risques psychosociaux, mais nous avons du mal à bien comprendre de quoi il s’agit et à identifier les actions à mettre en place. Pouvez-vous nous guider?

Absolument.

Rappelons d’abord que l’identification, l’élimination et le contrôle des risques psychosociaux (RPS) doivent, depuis le 6 avril 2022, être pris en charge par tous les établissements. Les établissements de moins de 20 travailleurs doivent inclure les RPS à leur plan d’action alors que les établissements de 20 travailleurs et plus doivent les intégrer à leur programme de prévention.

Mais avant d’aller plus loin, précisons ce que sont les risques psychosociaux. L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) définit les RPS comme des « facteurs qui sont liés à l’organisation du travail, aux pratiques de gestion, aux conditions d’emploi et aux relations sociales et qui augmentent la probabilité d’engendrer des effets néfastes sur la santé physique et psychologique des personnes exposées » (INSPQ, 2016). Les principaux RPS, toujours selon l’INSPQ, sont les suivants :

  • La charge de travail
  • L’autonomie décisionnelle
  • La reconnaissance au travail
  • Le harcèlement psychologique
  • L’information et la communication

L’ASFETM encourage les établissements à aborder les risques psychosociaux de la même façon qu’ils traitent les autres risques (physiques, chimiques, électriques, etc). Ainsi, comme pour tous les autres types de risques, le succès de votre démarche de prévention des RPS bénéficiera grandement de l’appui de la direction. C’est pourquoi nous vous recommandons, avant toute autre chose, de vous impliquer avec les membres de la direction. À l’image de tous les autres risques SST, tous les représentants de l’employeur devraient être informés, formés et impliqués dans l’identification et l’élimination de ces risques puisque ces responsabilités leur reviennent. Il est aussi important de faire connaître vos démarches à l’ensemble des employés.

Engagez également une discussion avec vos collègues et invitez-les à se prononcer sur les RPS auxquels ils sont exposés. Leur charge de travail est-elle raisonnable ? Ont-ils la marge de manœuvre nécessaire pour prendre des décisions de manière autonome (méthodes de travail, rythme, etc) ? Bénéficient-ils d’une rénumération adéquate, du soutien de leur superviseur, de leurs collègues ? Sont-ils exposés à une forme de harcèlement psychologique ? Sont-ils informés des changements en lien avec leur poste, leurs tâches ou l’établissement ? Soyez à l’écoute, accueillez les informations que vos collègues ont à partager. Si les gens semblent réticents à répondre à vos questions, envisagez la possibilité d’avoir recours à un sondage, qui permettrait les réponses anonymes.

Pensez aussi vous tourner vers le département des ressources humaines, qui pourrait vous fournir de façon anonyme des données quantifiables : taux de roulement, nombre d’absences de courte et longue durée, etc. Questionnez-vous aussi sur les informations en lien avec les troubles musculosquelettiques. Les demandes d’indemnisation sont-elles nombreuses ? Plusieurs recherches ont démontré que les risques psychosociaux et les troubles musculosquelettiques sont étroitement liés.

L’Institut national de santé publique du Québec est une ressource riche en informations sur les RPS. Je vous invite à consulter son site web pour en apprendre davantage. L’Institut offre également un service de diagnostic en milieu de travail qui pourrait vous aider à identifier les RPS présents dans votre établissement. Ce service consiste en une série d’entrevues avec des personnes ciblées, basées sur le questionnaire d’évaluation des risques psychosociaux du travail, développé par l’INSPQ même. En plus de l’identification des risques, vous aurez, au terme de cet exercice, une liste de mesures correctrices que vous pourriez mettre en place.

Une autre action que vous pourriez entreprendre dès maintenant consiste à sensibiliser les travailleurs aux risques psychosociaux. L’ASFETM, par exemple, offre la formation en ligne « Prévenir le harcèlement par la civilité au travail », qui explique ce qu’est le harcèlement psychologique et sexuel et propose des moyens pour prévenir la dégradation du climat de travail. Pour en savoir davantage, rendez-vous sur notre plateforme de formations en ligne.

Voici un résumé des actions présentées précédemment :

  1. Engagez une conversation avec les membres de la direction.
  2. Faites connaître vos démarches à l’ensemble des employés.
  3. Entamez une discussion avec les collègues et invitez-les à se prononcer sur les RPS auxquels ils sont exposés. Pensez faire un sondage anonyme si nécessaire.
  4. Demandez des données quantifiables au département des ressources humaines.
  5. Consultez le service de diagnostic en milieu de travail de l’INSPQ pour identifier les RPS présents et définir des mesures correctives.
  6. Sensibilisez les travailleurs aux risques psychosociaux, via des formations par exemple « Prévenir le harcèlement par la civilité au travail » (ASFETM).

Les risques psychosociaux touchent de plus en plus de travailleurs et il importe de mettre en place des mesures pour les prévenir. Les bénéfices qu’en tireront les travailleurs et l’établissement sont énormes et méritent tout le temps que vous y consacrerez. Bon succès dans vos démarches !

Liens utiles :

Bulletin info-RPS | INSPQ
Risques psychosociaux du travail | INSPQASFETM